Les semaines passent et la mobilisation contre le projet de loi travail ne faiblit pas. Pourtant, le gouvernement s’obstine avec un projet rétrograde sur le plan social et inopérant au niveau économique. Pire encore, par son entêtement, il exacerbe les tensions dans notre société déjà bien éprouvée.
Nouvelle Donne condamne toutes les formes de violences perpétrées en marge des manifestations, tant de la part des casseurs inflitrés que de certaines forces de sécurité perdant leur sang froid. qui ne réagissent pas proportionnellement ni en maîtrise de leurs armes.
Nouvelle Donne appelle donc le Gouvernement à prendre immédiatement ses responsabilités en garantissant effectivement la sécurité des manifestants.
Mais au delà de cet impératif de sécurité, Nouvelle Donne exhorte le Gouvernement à reprendre conscience de la réalité et à ne pas abuser de la méthode Coué en tentant de se persuader que “ça va mieux” !
Si les chiffres du chômage du mois de mars peuvent laisser penser à une amélioration significative du marché travail, la réalité de cette baisse est essentiellement due à 2 facteurs*:
- la multiplication des emplois précaires. Les inscrits de catégorie A (aucune activité) sont en net recul alors que les catégories B et C (moins de 78h de travail par mois) augmentent respectivement de 2% et 3,2%.
- la sortie d’un grand nombre de personnes des listings de Pôle emploi qui arrivent en fin de droit, qui trouvent un stage, ou qui se découragent devant l’absence d’offres et n’actualisent pas leur dossier. La reprise d’activité ne représentant que 20% des personnes sortant des listings de Pôle emploi. Ainsi, si le nombre de chômeurs sans aucune activité paraît amorcer une baisse, 60 000 personnes de moins en catégorie A en mars et 50 000 en moins sur les trois premiers mois de 2016, on compte aussi 324 000 radiations sur le seul mois de mars.
Au regard de ces éléments, et alors que le nombre de demandeurs d’emploi dépasse toujours les 5,5 millions de personnes, une semaine sociale importante commence avec notamment deux mobilisations prévues le 28 avril contre la loi travail et le 1er mai pour le travail. Le Parlement examinera également à partir du 3 mai le projet de loi El Khomri. Ces deux mobilisations seront ainsi l’occasion de démontrer que cette réforme doit être retirée car le gouvernement fait fausse route en s’attaquant en premier lieu aux droits des salariés pour créer de l’emploi. Ce sera également l’occasion de prouver qu’une alternative crédible existe en portant les propositions de Nouvelle Donne.
La loi travail : inefficace pour l’emploi et dangereuse socialement
Nouvelle Donne réaffirme sa totale opposition au projet de loi travail. En effet, cette réforme
- précarise les salariés ;
- confond la simplification et la dérégulation totale du marché du travail ;
- culpabilise les salariés, rendus responsables de la situation vécue par les chômeurs ;
- ne prend pas en compte les particularités des TPE et PME, et profitera uniquement aux grands groupes.
Pour ces raisons (que vous pouvez retrouver de manière plus développées en cliquant ici), Nouvelle Donne considère que cette réforme sera inefficace pour créer de l’emploi et présente un risque social réel. Nouvelle Donne appelle donc à poursuivre la mobilisation et à participer aux prochaines manifestations.
Une réforme pour le travail : l’alternative Nouvelle Donne
Si nous considérons que ce gouvernement fait fausse route avec la loi travail et ses réformes précédentes (CICE, Pacte de responsabilité), nous sommes bien évidemment conscients des difficultés rencontrées depuis longtemps par de nombreux acteurs de la vie économique : employés, employeurs, demandeurs d’emploi, précaires. C’est la raison pour laquelle Nouvelle Donne est favorable à une autre réforme pour le travail, autour de quatre piliers :
1- Partager autrement le travail.
Le partage du temps de travail actuel est une ineptie. D’un côté les salariés à temps plein travaillent en moyenne plus de 39h par semaine, de l’autre près de 6 millions de personnes ne travaillent pas du tout ou quelques heures par semaine.
En 1996, la loi de Robien, avait permis à plus de 400 entreprises de passer à la semaine de 4 jours, tout en créant de l’emploi, ou pour le moins, en permettant un maintien dans l’emploi pour les entreprises en difficultés.
C’est cette voie dans laquelle il convient de s’engager de nouveau : celle d’une véritable réduction du travail, seule susceptible d’engendrer une réelle diminution du chômage.
N’oublions jamais que si la durée du travail actuelle était équivalente à celle qui prévalait au début du XXème siècle, notre pays comptabiliserait plus de 13 millions de chômeurs aujourd’hui.
2- Protéger les TPE et les PME.
Les petites et moyennes entreprises souffrent souvent des délais de paiement de collectivités publiques et de grands groupes privés occasionnant ainsi d’importants problèmes de trésorerie.
Nouvelle Donne propose que la Caisse des Dépôts et consignations avance le règlement des factures de plus de deux mois et prenne en charge le recouvrement de ces créances auprès des clients. En cas de difficultés, les TPE et PME devraient également obtenir des délais de paiement pour leurs cotisations sociales auprès de l’URSSAF.
3- Améliorer le dialogue social dans l’entreprise.
L’esprit de la loi travail, et plus généralement des théories libérales, considère que l’épanouissement économique des entreprises ne peut se faire que sur le dos des salariés, en position d’infériorité voire de confrontation directe avec leur employeur. Nouvelle Donne réaffirme que le dialogue social peut et doit être conduit dans l’intérêt réciproque des salariés et de leurs employeurs.
Ce principe de réciprocité réside autour d’axes forts :
- La sécurité plus que la flexibilité, en gardant notamment un cadre général concernant la durée de travail et la rémunération (donc limiter les dispositifs dérogatoires) ;
- La négociation pour l’amélioration et non la détérioration des conditions de travail ;
- La considération des salariés, en tant qu’acteurs à part entière de la vie de l’entreprise. Les salariés et leurs représentants syndicaux doivent prendre toute leur place dans l’entreprise, pour favoriser la qualité de vie au travail et participer aux décisions stratégiques.
4- Généraliser le recours à l’activité partielle.
En cas de difficulté dans une entreprise, il s’agit de protéger les emplois en ayant recours à une baisse temporaire du temps de travail (par exemple de 20%, soit un jour par semaine), donc en réduisant les salaires payés par l’employeur. L’objectif est d’éviter autant que possible les licenciements. Pour maintenir l’essentiel des revenus des salariés, l’Etat et l’assurance chômage prennent en charge le complément des salaires. Ce modèle est par exemple en vigueur au Canada.
Nouvelle Donne demande que ce dispositif existant théoriquement en France depuis juillet 2013 soit généralisé en simplifiant les démarches administratives et en réduisant les délais de paiement de l’Etat et de l’assurance chômage afin de ne pas accroître les difficultés des employeurs.
Pour aller plus loin : en finir avec le chômage de masse
Depuis plus de 30 ans, aucune alternative sérieuse n’a réellement été mise en place pour lutter efficacement contre le chômage et la précarité qui au-delà d’être de simples indicateurs, correspondent à un véritable drame humain puisqu’ils provoquent entre 10 000 et 20 000 morts chaque année, sans compter les difficultés sociales et familiales engendrées.
Pour apporter des solutions contre le chômage et la précarité, Nouvelle Donne propose de :
- Réinventer l’articulation entre activité et formation tout au long de la vie. Cela passe notamment par un nouveau modèle de partage du temps de travail ;
- Favoriser les circuits courts et l’économie locale, notamment dans l’agriculture ;
- Mettre en place une politique ambitieuse du logement (rénovation d’habitats anciens, construction de logements très sociaux indispensables etc.) ;
- Soutenir davantage les TPE, PME et les entrepreneurs, notamment dans les secteurs d’avenir (numérique, services, culture, etc.) ;
- Mettre en place un véritable plan Marshall pour le climat et le développement durable.
Il est essentiel aujourd’hui de proposer des alternatives crédibles au système actuel. Les initiatives citoyennes qui émergent spontanément sur l’ensemble du territoire et les propositions portées par Nouvelle Donne nous permettent aujourd’hui de rester motivés et optimistes pour l’avenir.
* Sources: “rapport du DARES – avril 2016 – Demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en mars 2016”: http://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/pi-mensuelle-cttqa38a.pdf
J’adhère totalement aux propositions mentionnées ci-dessus.
Je pense qu’il faudrait revoir le financement des charges sociales. Par exemple prélever les charges non plus sur la masse salariale mais sur un pourcentage du chiffre d’affaire duquel on retire un pourcentage de la masse salariale médiane (salaire médian X nombre de salariés). Le pourcentage du prélèvement social pourrait être différent suivant l’activité. Mon idée est de favoriser les entreprises qui créent des emplois nationaux.
La somme prélevée serait gérée par un organisme type URSSAF qui redistribuerait vers les organismes sociaux.
Il faudrait aussi statuer les organismes qui fournissent aux entreprises régulièrement un salarié pour une durée limitée. Par exemple un artisan a besoin d’un comptable 8h par mois pour effectuer ses paies, il préférerait certainement toujours avoir la même personne. Les salariés auraient un emploi à temps complet.
Enfin il faudrait revoir le durée hebdomadaire du temps de travail. Le temps libre n’est pas du temps perdu puisque ce qui en profiteront seront des consommateurs potentiels dans le domaine des loisirs, du bricolage, etc..
Pour terminer, je vois mal un salariè avec un travail précaire vouloir faire un prêt dans une banque pour acheter un bien !
La “RÉSERVE STATUTAIRE” pourquoi vous n’en parler jamais: il y a pourtant des milliards €uros qui dorment!!!
Expliquez nous la renaissance de CADDIE° en Alsace avec 50% de salaries en moins avec un gros investissement en ROBOTS?
entièrement d’accord pour ce qui est proposé je pense qu’on devrait réfléchir à un genre de parrainage professionnel des anciens auprès des jeunes .c’est juste une idée
entièrement d’accord avec les propositions ….je pense qu’on pourra
Bonjour,
sur le partage du temps de travail je suis sceptique. Sans partage du salaire le partage du temps de travail ne peut que conduire à une perte de compétitivité des entreprises exerçant sur le territoire national ou alors il faut instaurer une taxe sociale sur les importations et une détaxation équivalente sur nos exportations. Et si le partage du temps de travail se fait à coût constant il y aura alors des gagnants mais aussi des perdants… c’est peu porteur pour un mouvement politique.