À l’occasion de la Journée de l’Europe célébrée le 9 mai, l’eurodéputé Pierre Larrouturou s’est entretenu dans les colonnes du journal Ouest France. L’occasion d’évoquer la renégociation des traités européens qui est  envisagée, et de plaider pour une Europe plus sociale, financée par une nouvelle taxe sur la spéculation.

Retrouvez ci-dessous son entretien en intégralité :

Emmanuel Macron se rend à Strasbourg ce lundi 9 mai. Qu’attendez-vous de lui ?

 

Qu’il change vraiment ! Après la crise financière de 2008, on avait dit qu’on allait tout changer, et rien ne s’est passé. Pendant le Covid, on a eu de très beaux discours sur le « monde d’après », il y a eu un vrai moment d’optimisme, mais qu’en sera-t-il vraiment ? Je crois que nous sommes des millions à comprendre qu’il faut changer les règles. Et qu’il y a une autre voie que l’austérité.


Laquelle ?

 

Le Parlement européen a demandé, mercredi 4 mai, qu’on prenne une année pour repenser les traités. La succession du Covid et de la guerre en Ukraine fait que les chefs d’État vont accepter le principe d’une Convention. Ce serait historique, ça n’arrive qu’une fois tous les vingt-cinq ans. C’est un tournant critique, l’occasion d’un formidable sursaut ou le début d’une crise dramatique.


Pourquoi une crise dramatique ?

 

Qui dit nouveau traité, dit également référendum. S’il n’y a rien en matière sociale ou de démocratie dans les futurs traités renégociés, le peuple français dira probablement à nouveau « non », peut-être avec plus de force qu’en 2005. Ce qui signerait l’arrêt de mort de l’Union européenne. A contrario, l’Europe peut renaître en se dotant d’un vrai, grand, plan climat et pour l’emploi. Et on a les moyens de le financer !


Comment ?

 

Avec la taxe sur la spéculation, un prélèvement sur chaque transaction financière, de 0,1 % sur les actions et de 0,01 % sur les obligations. Proposée par Manuel Barroso en 2011, cette taxe nous rapporterait 57 milliards par an. Largement de quoi rembourser le plan de relance. Les députés européens ont déjà voté pour à 70 %, et la Commission souhaite un accord d’ici à la fin de l’année, par coopération renforcée, sans passer par l’unanimité. Tout est prêt. Il suffit d’une signature !

 

Pourquoi ça ne se fait pas ?

 

Est-ce qu’on veut, oui ou non, une Europe plus sociale, démocratique, fédérale, capable d’agir pour la paix ? Voilà trente ans que les dirigeants allemands nous proposent d’avancer dans ce sens, et trente ans que les dirigeants français s’y opposent ! Aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui bloque. Il dit qu’il a changé ? Qu’il le montre en faisant aboutir la taxe spéculation avant la fin de la présidence française de l’Union européenne, le 30 juin prochain…

Lien vers le site de Ouest France pour lire l’entretien dédié à l’Europe.