Les matières premières minérales extraites de la croûte terrestre, essentielles au bon fonctionnement de nos industries, proviennent à 90% de pays étrangers. Face au risque croissant de ruptures d’approvisionnement, voire de pénuries de certaines d’entre elles dans les années à venir, l’Etat français cherche à relocaliser les activités minières sur le sol national. Dans ce cadre, l’exploitation du lithium, destiné à la production de batteries de véhicules électriques, à partir du site de l’ancienne mine de kaolin d’Echassières dans l’Allier, constitue l’une des premières propositions de projet minier français d’envergure. L’enjeu est crucial car l’acceptabilité de ce projet favoriserait la relance minière sur l’ensemble du territoire français.
Cependant, il est désormais clairement établi que les activités minières sont particulièrement polluantes. Or, la Société Imerys, maître d’ouvrage, présente un projet de “mine responsable” d’exploitation du lithium dans l’Allier (projet EMILI), qui ne prend en réalité pas en compte tous les impacts de l’activité minière sur les écosystèmes. Elle n’offre pas non plus toutes les garanties de leur préservation. Les associations de protection de la nature et de l’environnement sont ainsi, à ce jour, toujours dans l’attente d’informations détaillées concernant l’hydrologie, le bilan carbone, certains procédés techniques, le devenir des déchets miniers, les impacts réels sur la biodiversité et les dérogations sur les espèces protégées. Par ailleurs, l’entreprise ne peut pas certifier que le lithium produit sera destiné à servir uniquement la cause de la transformation énergétique. Il pourrait ainsi tout aussi bien se retrouver dans les batteries destinées à alimenter des gros véhicules (type SUV).
C’est pourquoi Nouvelle Donne rejoint et soutient toutes les associations et les collectifs qui militent contre la remise en route de l’activité d’exploitation du lithium à partir de la mine d’Echassières. Tant que les mesures de respect des écosystèmes les plus strictes ne seront pas mises en place et tant que le fléchage du lithium extrait ne sera pas garanti par l’Etat et l’entreprise Imerys, Nouvelle Donne s’opposera à la mise en route du projet EMILI.
Nouvelle Donne formule plusieurs recommandations au sujet de l’exploitation minière :
- la mise en place d’un dispositif de traçabilité des matières premières extraites de la croûte terrestre, et ce, quelle que soit la région du monde, avec la garantie de conditions d’extraction et de traitement des minerais respectueuses des écosystèmes et des travailleurs, incluant des contrôles indépendants et en nombre suffisant.
- le fléchage de chaque matière minérale extraite afin de s’assurer que son exploitation réponde à des besoins prioritaires et incontournables, parmi lesquels celui de la réalisation de la transformation énergétique
- la préservation de la CNDP (Commission Nationale de Débat Public) pour les projets industriels d’envergure ; cependant, cette instance doit devenir le lieu d’un véritable échange démocratique, avec l’exigence d’un devoir de transparence totale de la part des industriels et d’une réelle prise en compte des préconisations des divers intervenants. Cela concerne en premier lieu les associations protectrices de l’environnement et de la nature et les citoyen·ne·s directement impacté·es, qui sont celles et ceux qui subiront les conséquences néfastes à court, moyen et long terme du projet minier.
- l’organisation d’un débat national au sujet de la relance minière sur le territoire français
Enfin, dans un souci de justice climatique, éthique et transgénérationnelle, Nouvelle Donne souhaite qu’une réflexion plus large, englobant une priorisation des besoins et une planification de la réduction conséquente de notre consommation de matières premières, en particulier métalliques, soit menée, afin d’engager la société dans la voie de la sobriété matérielle.