Retrouvez l’interview de Pierre Larrouturou sur France Culture, lors de son passage dans l’émission “Politique !” du 18 septembre 2021.
— Nous allons parler de la Primaire Populaire à gauche. D’abord, Pierre Larrouturou, êtes-vous candidat à la présidentielle, ou juste à cette Primaire Populaire qui vise à désigner un représentant unique de la gauche pour 2022 ?
— Si je gagne la Primaire Populaire, je serai le chef de l’équipe, et si je ne la gagne pas, je serai un des membres de l’équipe. Mais le plus important, c’est d’obtenir cette Primaire Populaire. Je crois qu’on est des millions à se dire qu’on ne veut pas d’un deuxième tour Macron/Le Pen. À se dire que cinq années de plus avec Darmanin, Bruno Le Maire, Emmanuel Macron, Blanquer, on n’en veut pas. On est des millions à se dire que si on perd encore cinq années sur la question du dérèglement climatique ou de la cohésion sociale, c’est dramatique. Quand je parle avec les syndicats de policiers, ils disent qui si on a encore Emmanuel Macron pendant 5 ans, qui a les mains libres pour faire n’importe quoi, on risque d’avoir des Gilets Jaunes puissance 10, et un niveau de violence dans la rue qui est terrible si Emmanuel Macron passe en force, a de nouveau le pouvoir pendant 5 ans. Donc il faut tout faire pour créer un espoir, montrer qu’il y a des solutions, qu’on est pas condamnés ni au chaos social, ni au chaos climatique, et ça passe par une équipe. Je crois qu’il faut un peu d’humilité, et je suis choqué, quand je parle avec Anne Hidalgo ou ses proches, avec Jadot ou ses proches, ils savent tous qu’ils ne peuvent pas gagner si on a cinq candidats. En fait, leur but est d’être le leader de l’opposition. C’est une question fondamentale. Le but est-il d’être dans un combat de nains, être le leader de l’opposition, ou de faire une équipe qui peut gagner ? C’est pour cela que je demande à tous ceux et celles qui nous écoutent de prendre une minute. Si vous aussi vous avez envie de créer une alternative, de créer un espoir, si vous aussi vous pensez que cinq candidats à gauche c’est ridicule, et que rien ne va bouger sur le climat, la politique du logement, sur l’éducation, prenez deux minutes pour aller sur le site primairepopulaire.fr. Ça ne prend pas trois secondes mais deux minutes, et c’est l’avenir de notre démocratie. Parce que si aucune équipe ne présente une alternative face à Emmanuel Macron, l’élection ne servira à rien.
Primairepopulaire.fr : aujourd’hui, 100 000 personnes soutiennent cette idée. Christiane Taubira, avant-hier, a dit qu’elle trouvait cette idée très intéressante. De plus en plus de gens pensent qu’on peut avoir un débat passionnant. Aux États-Unis, au début, Kamala Harris ou Bernie Sanders étaient très durs avec Joe Biden, et finalement ils ont accepté une primaire, ils ont joué collectif. Bernie Sanders aurait pu dire « je suis le seul qui a des idées, je fais ma campagne dans mon coin ». S’il s’était obstiné en solitaire, c’est Trump qui aurait gagné. Ils ont joué collectif, ils ont gagné. Aujourd’hui Kamala Harris est vice-présidente et Bernie Sanders est le patron de la Commission des Budgets.
La Primaire Populaire sera un succès uniquement si on a assez de signatures. On vient de passer les 100 000 soutiens, et je demande vraiment à ceux et celles qui nous écoutent d’aller signer. Si on arrive à 200 000 signatures, je pense qu’Hidalgo, Jadot et les autres rentreront dans cette primaire populaire.
— Vous avez cité Mélenchon, Roussel, Hidalgo, vous, Pierre Larrouturou, les cinq candidats à la primaire écologiste… Quelle personnalité est la plus à même de rassembler dans les sept mois qui viennent ?
— Parmi ceux et celles qui sont déjà annoncés, je n’en vois aucun et aucune qui émerge vraiment, alors qu’ils ont tous un temps à la télé ou à la radio qui est très important. Tous ou presque, en tout cas Jadot, Hidalgo et Mélenchon, disent que la priorité est le climat ou la justice sociale. Donc ils sont très proches. Il y a déjà un socle commun. Si vous allez sur le site de la Primaire Populaire, vous verrez qu’il y a eu six mois de travail, dont on n’a pas beaucoup parlé, où Mélenchon envoyait deux de ses amis, Jadot envoyait quelqu’un, Hidalgo envoyait quelqu’un, nous, Nouvelle Donne, on était présents. Il y a eu un gros travail sur des propositions concrètes. Si on arrive au pouvoir et si on gagne ensuite les législatives, qu’est-ce qu’on fait sur les retraites, sur l’éducation, sur la santé ? On a un socle commun. La plupart des partis veulent un accord pour les législatives, pour avoir des députés, pour remplir les caisses. Donc ce serait aberrant, ce serait un manque de maturité… j’essaye de ne pas être trop méchant mais je suis frappé par le manque de maturité de nos dirigeants. Franchement, être cinq candidats, ça donne l’impression qu’on n’a rien compris aux attentes des citoyens, alors qu’il y a un projet commun, et qu’après ça ils négocieront un accord pour les législatives. On a du mal à comprendre qu’il y ait cinq candidatures à la présidentielle alors qu’il existe un projet commun et qu’ils voudront un accord aux législatives.
— Un mot sur le calendrier. Quand cette Primaire Populaire à gauche fera-t-elle émerger un·e éventuel·le candidat·e ?
— Le but est d’avoir une décision concernant les candidat·es avant le 1er ou le 15 novembre. On saura dans 10 jours qui gagne la primaire des écolos. Anne Hidalgo va être officiellement la candidate du PS dans quelques semaines. Après ça, j’espère qu’il y aura un principe de réalité. C’est suicidaire si on a cinq candidats. Ils vont tous être ridicules. L’autre jour, j’étais dans une réunion avec Anne Hidalgo, Jadot, Olivier Faure, avec tous les grands chefs, et je leur ai dit : « Nos enfants vont nous détester ». Pour moi, la politique, ce n’est pas du pipeau. Un enfant de 5 ans fait la différence entre ce qui est pour de vrai et pour de rire. Le chaos climatique, ça va être pour de vrai. Les 700 morts de la canicule, c’est pour de vrai. Les gens qui ont tout perdu, c’est pour de vrai. Nos enfants vont nous détester, nous jeter des cailloux, si on n’est pas capables de se rassembler. Vous parlez tous d’un accord pour les législatives, mais si on a cinq candidatures pour la présidentielle, honte à nous, honte à nous. La plupart des gens n’iront pas voter, ils diront « vous êtes nuls, vous ne méritez pas le nom de responsable politique ». Ce n’est pas un jeu, la politique. Une dernière fois, tous ceux et celles qui nous écoutent, allez sur le site primairepopulaire.fr. Vous ne pouvez pas dire que les politiques sont nuls si chacun de nous ne peut pas prendre 5 minutes pour dire « je veux le rassemblement, je veux des solutions nouvelles ». On vient de passer les 100 000 personnes qui soutiennent la Primaire Populaire.
Des personnes comme Christiane Taubira et d’autres veulent s’engager avec nous, et si on arrive à 200 000 ou 300 000 soutiens, je suis sûr qu’on aura un rassemblement. Le débat et le vote seront en janvier. On aura une équipe et on fera une super campagne.
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