La société Alstom se porte bien : sa situation financière est saine et son carnet de commandes est bien rempli (30 milliards d’euros). Son marché : trains, métros, trams est voué à un bel avenir si les pays se lancent dans une réduction drastique des émissions carbones liées aux transports. Cependant, un objectif financier a été fixé : faire passer la marge opérationnelle de l’entreprise de 5% à 7% d’ici 2020. Pour atteindre cet objectif, Alstom doit réduire ses coûts. Fermer le site de Belfort est une décision guidée par cette préoccupation essentiellement financière. L’Etat qui possède 20% de l’entreprise a laissé faire. Si la fermeture d’Alstom Belfort satisfait le court-termisme de son Directeur général et de ses principaux actionnaires, c’est une erreur pour le long terme, tant d’un point de vue économique qu’environnemental.
Nouvelle Donne dénonce l’attitude “passive” de l’Etat, et notamment d’Emmanuel Macron dans ce dossier, et montre que d’autres pistes sont possibles.
Sur le plan économique, Emmanuel Macron, non seulement a prôné le laisser faire économique sans intervention de l’Etat, compatible avec le court-termisme des principaux actionnaires d’Alstom, mais a, en plus, aidé Général Electrics (le géant américain de l’électricité) à prendre le contrôle d’Alstom Energie (ce qui a d’ailleurs déjà conduit, malgré les promesses, à la suppression de 750 emplois en France en janvier dernier et une perte de notre capacité de développement sur les technologies de pointe. ).
Cette politique aura donc favorisé la fusion acquisition et la prise de contrôle d’une partie d’une entreprise industrielle historique, par une multinationale étrangère. Aujourd’hui, c’est donc Alstom Transport qui est délaissé (et bientôt démantelé ou vendu ?). Au lieu de se traduire par un soutien aux salariés dans la prise de décision, la présence de l’Etat (sous la houlette d’Emmanuel Macron jusqu’à peu) au Conseil d’administration d’Alstom a le même objectif que tout autre actionnaire : exiger un maximum de rentabilité à court terme.
Les propositions de Nouvelle Donne
Nouvelle donne propose au contraire deux mesures, en cours d’élaboration dans sa commission thématique Economie et Finance, qui vont dans le sens exactement opposé :
– La représentation réelle des salariés au Conseil d’administration (CA) qui va permettre aux salariés de participer aux décisions de l’entreprise et donc potentiellement empêcher les fermetures de sites. A noter que Nouvelle Donne propose également que les administrateurs des CA ne puissent cumuler plusieurs postes dans différents CA, une pratique courante, qui explique en partie la prédominance de “stratégies financières” dans les prises de décisions.
– La création du label Entreprise à progrès collectif (EPC), comparable à celui de l’Economie sociale et solidaire, permet à tout type d’entreprise de s’engager vers le progrès social et environnemental et d’adopter une gouvernance plus participative, ce qui permet de sortir d’une logique financière court-termiste. Ce nouvel outil, proposé par Nouvelle Donne et porté par l’Etat viendrait compléter ses interventions en vue de limiter les fusion-acquisitions et notamment la reprise de l’entreprise par une multinationale, et, contribuer à limiter la fermeture des sites, tout en favorisant la conversion vers une entreprise plus humaine.
– sur le plan fiscal, Nouvelle Donne fait des propositions pour contrer la stratégie transnationale d’Alstom : en effet, si les médias mainstream se sont tous réjouis récemment de la grosse commande américaine de trains à grande vitesse (voir ici), on sait moins que tout sera fabriqué là-bas, par des salariés américains et qu’aucune recette fiscale ne viendra donc abonder les caisses de l’Etat français…
Repenser la politique ferroviaire au plus vite
La politique de notre gouvernement à l’égard du transport ferroviaire aura été catastrophique. Elle se traduit par une forte baisse de commande de nouveaux trains pour le marché national, dont Alstom Belfort était pourtant l’un des principaux fournisseurs.
- Suppression de l’écotaxe.
- Annulation d’une commande de 1000 nouveaux TER (commande reportée sur les régions qui n’ont pas les moyens financiers).
- Libéralisation des lignes autocars (cars Macron) en concurrence direct avec les grandes lignes de train.
- Suppression des trains de nuit.
- Absence de taxes sur le kérosène pour les compagnies aériennes.
- Absence de politique pour favoriser le fret ferroviaire.
En France, la part du fret ferroviaire (transport de marchandises) a été réduite de moitié en 20 ans. Il ne représente plus que 10% du transport de marchandises. Alors que sa part est à 40% en Allemagne et en Suisse où il est en constante augmentation. La France est l’un des pays européen qui a le moins investi dans ses infrastructures ferroviaires liées au fret durant ces deux dernières décennies.
Pourtant, le train est un des moyens de transport les moins émetteurs de gaz à effet de serre.
La politique ferroviaire doit par conséquent être repensée et développée d’urgence !
Le train devra être privilégié aux transports routiers, aux compagnies aériennes ou compagnie de bus low cost pour les déplacements nationaux (métropole), pour les marchandises comme pour les passagers. Pour les trains régionaux, afin de disposer d’un service public de qualité, les cadences ainsi que les dessertes devront augmenter. De même, l’Etat doit investir massivement dans le fret ferroviaire. Cela offrira des débouchés pour Alstom ou d’autres entreprises de transport ferroviaire. Enfin, les prix pratiqués par la SNCF devront être mieux régulés et adaptés aux enjeux environnementaux.
Contre le laisser faire économique « court-termiste », et la gouvernance actionnariale financiarisée, Nouvelle Donne propose que l’Etat soit acteur et oriente les décisions stratégiques qui feront le monde de demain tout en favorisant la gouvernance participative dans les entreprises.
Pourquoi vouloir maintenir une activité, ou d’un produit qui n’a pas les faveur du public: le FRET est boudé par 90% des entreprises a qui la faute?
Qui ne prend plus le train?
Gilles ND81