par Pascal PARROT

Les résultats de l’élection présidentielle en Turquie sont maintenant connus : Recep Tayyip Erdoğan vient d’être réélu président.

 – La Turquie sous le régime d’Erdoğan, d’après l’ONG Reporters Sans Frontières qui la classe en 157ème position sur 180 est une grande prison pour les défenseur.se.s du droit à l’information.

l’unanimisme domine dans la presse turque. La mainmise du gouvernement sur les médias aboutit à une campagne électorale totalement déséquilibrée en faveur du pouvoir.

En février, trois journalistes ont été condamnés à la prison à vie pour avoir critiqué le pouvoir en place au cours d’une émission de télévision. 

Les contre-pouvoirs ne sont plus là. La justice n’est pas indépendante, les médias sont à quatre-vingt-dix pour cent sous la coupe du parti au pouvoir et de son chef.

De plus, un décret-loi de février 2017 supprime les pénalités pour les chaînes de TV et radios qui ne respectent pas l’égalité de temps de parole en période électorale. Hormis les discours de durée égale du 23 juin, l’équivalent turc de notre CSA a relevé que les chaîne publiques ont accordé 68 heures de temps de parole à Erdoğan et ses alliés, contre moins de 7 heures au candidat du Parti républicain du peuple Selahattin Demirtas.

Or, il ne peut y avoir de système démocratique sans une information libre et plurielle.


Il faut y voir l’aboutissement du système qui a été mis en place ces quinze dernières années, un régime présidentiel personnifié, voire dynastique, le Parti de la justice et du développement (AKP) étant centré désormais sur la personne de son chef.

Le nouveau président va créer un gouvernement avec treize ministres au lieu de vingt-six auparavant. 

Avec ce nouveau système, plus de premier ministre, le rôle du parlement est réduit à la portion congrue et l’institution judiciaire est entre les mains du président et de son parti, qui nomment les hauts magistrats et les hauts foctionnnaires. 

M. Erdogan est le chef de l’Etat, le commandant en chef des armées, le chef de l’exécutif, le président du parti-état AKP.

La Turquie s’éloigne à grands pas de la démocratie.

Pour toutes les personnes attachées à la démocratie parmi lesquelles les militants et sympathisants de Nouvelle Donne, ce résultat est préoccupant.

Pour ces raisons, Nouvelle Donne réclame que l’Union Européenne agisse en faveur des droits de l’opposition face aux pouvoirs renforcés d’Erdogan et pour une justice indépendante du pouvoir.