Communiqué de presse Nouvelle Donne – 23 juin 2023

Dissolution des Soulèvements de la Terre : une faute politique grave (de plus)

Des centaines de milliers de morts en quelques décennies à cause du dérèglement climatique, et bien davantage encore annoncées. C’est le prix payé et à payer dans les prochaines années par les populations humaines (195 000 morts dans l’UE depuis 1980 [1], bien plus dans les pays du Sud). Sans oublier la destruction de nombreuses espèces, qui provoque l’effondrement de la biodiversité. C’est une violence effroyable et persévérer dans ces logiques mortifères est criminel.

Or, que décident E. Macron et son gouvernement ? De qualifier de “terrorisme” les revendications légitimes, justes et nécessaires d’un mouvement social, culturel, politique, qui demande une action politique à la hauteur des enjeux.

Cet amalgame est inacceptable. Toutes les violences ne se valent pas. Certains y ont recours pour asseoir leur domination, d’autres pour leur survie. Le libéralisme autoritaire exerce une violence permanente sur notre société en valorisant le « business as usual » [2], en ignorant les alertes répétées des scientifiques, en transformant les prises de parole citoyennes en actes malveillants. Les Soulèvements de la Terre sont des lanceurs d’alerte. On n’éteint pas le danger en brisant le signal d’alarme. La rhétorique de M. Darmanin n’a pas d’autre but que de faire taire toutes les oppositions à ses conceptions néolibérales et de promouvoir un monde manichéen, sans nuances ni subtilités. C’est refuser au peuple l’intelligence des choses. Rappelons que dans le même temps, M. Darmanin laisse des groupes d’extrême droite, voire néo-nazis, manifester librement. Rappelons que M. Macron sermonne sa Première Ministre quand celle-ci, à juste titre, souligne les liens de l’extrême droite actuelle avec le pétainisme. Les buts électoralistes remplacent les politiques courageuses.

Nouvelle Donne condamne donc fermement la décision de dissoudre les Soulèvements de la Terre et apporte tout son soutien à ses membres. Cette décision va à l’encontre de la liberté d’expression ; elle réduit les contestations légitimes à des actes de forcenés ; elle fait pression sur toutes les associations, dans un contexte où les atteintes à leurs libertés se multiplient (notamment en les incriminant des agissements d’un de leurs membres [3] et en faisant pression sur l’attribution de leurs subventions par l’intermédiaire du “contrat d’engagement républicain” [4]) ; elle tend à faire oublier le débat de fond sur l’avenir de l’habitabilité de la Terre, débat pourtant remis maintes fois sur la table par les scientifiques. Nouvelle Donne condamne également la pression exercée par la FNSEA [5] et son instrumentalisation des actions menées par les Soulèvements de la terre dans le but de préserver l’agriculture industrielle.

À nos vies en danger, le gouvernement répond par la violence institutionnelle. La cécité intellectuelle et l’amoralisme de cette démarche ne peuvent que creuser un peu plus le fossé entre le peuple et ses élus. C’est ajouter de l’huile sur un incendie qui ne touche pas que l’écologie, mais aussi l’état de notre démocratie. Une alternative politique est donc urgente. Elle se prépare dès aujourd’hui par l’union de toutes les forces de gauche. La refuser serait participer du délitement général.

[1] Source : Agence Européenne de l’Environnement, 2023

[2]  Comme d’habitude, sans changement de méthode

[3]  ref. alinéa 3° article 16 de la loi 2021-1109 du 24 août 2021

[4]  ref. article 12 de la même loi

[5]  Article de Reporterre 21/06/2023 : Comment la FNSEA a eu la peau des Soulèvements de la Terre (reporterre.net)